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FABRICAMIG SA - Factory of the Migrations and Associated Knowledges (FR)

lundi 11 mars 2013, par Dernière mise à jour

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Un partenariat ambitieux et original entre le LEST et le CEMCA.




Le projet de recherche ANR pluridisciplinaire en sciences sociales (sociologie, géographie, démographie, psychologie-sociale et anthropologie) « La Fabrique des Migrations et des Savoirs Associés » (2011-2013) porte sur l’étude des mécanismes de production des savoirs migratoires, tels qu’ils s’élaborent dans les mobilités et les activités des populations transmigrantes et transfrontalières dans deux régions du monde (Amérique du Nord et Centrale, Maghreb-Machrek).


 Objectifs

A travers trois axes thématiques : capital social et/ou spatial de la mobilité et des savoirs circulatoires, mobilités circulatoires du travail et des espaces productifs et les âges de la migration, nous cherchons à analyser les transformations des sociétés et des territoires touchés par la migration.
Ainsi, ce projet de recherche porte sur l’analyse des communautés transmigrantes dans différents types d’espaces du champ migratoire observées en différents lieux de la mobilité (régions de départ, régions de transit et régions de destination) et à différentes échelles (la région, la ville, etc.).
Il s’agit d’étudier les effets de la migration tant Sud/Nord que Sud/Sud sur les communautés migrantes dans leurs dimensions territoriales et sociales àtravers la notion de savoir (savoir circuler, savoir séjourner, compétences spatiales, etc.) qui permet d’analyser la circulation migratoire au travers des ressources mobilisées pour la réalisation du projet migratoire mais également sous la perspective des ressources générées par la migration.
Compte tenu de l’inégale mobilité des individus, nous rechercherons à partir des notions de savoir circulatoire et de capital spatial à analyser les stratégies individuelles, familiales et communautaires (par exemple, regroupement des communautés indigènes) des transmigrants frontaliers ou transnationaux, les enjeux de la circulation binationale et les facteurs et les effets de cette mobilité en termes d’insertion professionnelle et entrepreneuriale mais aussi en termes d’inscription de la mobilité dans l’histoire inter-générationnelle des familles migrantes.
A travers la problématique de l’inégal accès à la mobilité les études de cas traiteront des stratégies mises en place pour accéder à l’offre de formation ou éducative et à un marché du travail internationaux (deux des axes thématiques développés plus bas). De la même façon, nous chercherons à comprendre l’insertion des migrants dans les marchés du travail selon une perspective de genre ainsi que générationnelle et, à analyser l’influence de la migration sur les parcours professionnels et sur les cursus éducatifs des migrants.



 Fabricamig en quelques mots :

  • 35 chercheurs en sciences sociales
  • Terrains de recherche dans 14 pays

 Méthodologie :
Le projet se développe à partir de l’exploration des axes thématiques dans les deux zones géographiques d’étude. Chaque chercheur s’intègre, dans une des deux zones, à une équipe multidisciplinaire qui réalise l’analyse des questions posées dans chaque axe au travers de la recherche spécifique menée par chaque participant. Le quatrième axe, par son caractère transversal et de synthèse de résultats des trois premiers, réunit des chercheurs déjà engagés dans le travail des autres axes.
L’analyse par axe se structure selon une double logique : l’une géographique et l’autre thématique. Elle s’organise autour de la réalisation d‘études spécifiques dans chaque région qui permettent de caractériser la manifestation locale de chaque phénomène observé à partir d’une grille d’analyse commune.
Pour chaque axe de recherche, la recension des données statistiques permettra de circonscrire les terrains d’enquêtes qualitatives.


 4 axes de recherches :

  • Axe 1 - Savoirs et Mobilités
    Les dynamiques territoriales dans les régions frontalières recouvrent àla fois des réalités transnationales et des réalités transfrontalières. Les premières dépassent le cadre de la région frontalière car les relations de ces espaces et de ses gouvernements voisins participent de processus à l’échelle binationale et mondiale. Les réalités transfrontalières sont, quant à elles, liées aux processus d’échelle régionale qui, pour autant, ne sont pas sans rapport avec les effets de la mondialisation. Les échanges de part et d’autre des frontières relèvent donc de dynamiques de natures diverses en fonction de la distance, du rythme et de la fréquence des passages. Mais cette catégorisation simplifie dans une certaine mesure les processus que l’on peut y observer. En effet, nous constatons le plus souvent une imbrication des dynamiques transfrontalières et transnationales.
    Nous intégrons dans ce projet de recherche des cas d’étude de mobilités transfrontalières (Sud/Nord mais aussi Sud/Sud) d’autant plus pertinents que la Frontière est le lieu où se manifestent le mieux les stratégies de passage et les politiques de contrôle des flux entre le Sud et le Nord au XXIème siècle. De plus, dans le cas d’espaces contigus, il est légitime de poser l’hypothèse d’un lien entre mobilité soutenue des frontaliers et construction d’espaces sociaux composites, hybrides où le contact et les pratiques transfrontalières créent de nouveaux référents à partir d’une expérience quotidienne de l’altérité.
    Les difficultés de franchissement obligent les migrants à faire montre de compétences spécifiques en vue de contourner les obstacles à la mobilité. La connaissance des normes légales, la mobilisation des réseaux lors du projet migratoire puis pour les activités des transmigrants, la recherche d’opportunités, etc. sont autant de savoirs relatifs à la circulation qui facilitent la reproduction individuelle ou collective.

  • Axe 2 – Savoirs et Espaces Productifs
    Si on admet que le principe général de la mondialisation est de surseoir pour une durée éventuellement déterminée aux droits communs d’un pays, dans le but de profiter, au mieux, de l’environnement local et international, on admet alors également qu’un certain nombre de compétences et de savoirs-faire se sont accumulés dans ce domaine depuis notamment une trentaine d’années. La mondialisation n’est pas qu’une histoire de capitaux et d’entreprises qui se délocalisent pour bénéficier d’une main d’œuvre bon marché mais également la mondialisation est un processus de construction ou de consolidation de professions qui émergent ou se déclinent notamment dans l’appropriation de compétences et savoir-faire relatifs aux usages et dispositifs frontaliers.
    Dans le cadre de ces nouvelles règles les individus ont pu ou ont dû renégocier des espaces professionnels ou en créer de nouveaux. Dans le cadre de la mondialisation un certain nombre de professions s’internationalisent ou se globalisent. C’est le cas des migrations de personnel qualifié, comme les cadres expatriés des multinationales. Se pose alors la question de la reconnaissance dans plusieurs espaces nationaux de professionnels certifiés dans un pays et qui travaillent dans d’autres. Ces questions renvoient également aux différenciations des réglementations nationales de l’exercice des professions.
    Nous observons et cherchons à évaluer, par conséquent, en quoi et comment derrière cette régionalisation des économies des Suds se combinent une recomposition et l’émergence des formes de régulation de la production, du travail et des capitaux sous la forme d’un processus de construction de savoir-faire spécifiques qui contribuent à constituer de nouvelles professions et même de nouvelles professionalités que nous appelons les « faiseurs de frontière ».

  • Axe 3 – Savoirs et Générations
    Du fait de son ampleur ainsi que de son rôle dans les stratégies individuelles et/ou collectives, la migration recompose les relations interpersonnelles des communautés d’origine et de la famille. On pense tout d’abord aux membres de la famille du travailleur migrants bénéficiant ou non des politiques de regroupement familial mais en réalité la mobilité a des effets sur d’autres membres de la famille qui eux doivent rester sédentaires ou participent de façon temporaire, cyclique, à la migration. Au-delà du sujet des envois de fonds aux membres de la famille « restée au pays », la migration recompose les familles et les liens économiques, affectifs et de dépendance de leurs membres.
    Ce troisième axe a pour but d’ouvrir une ligne de réflexion sur les effets de la mobilité internationale sur les classes d’âges traditionnellement considérées comme non-productives mais dont leur rôle dans la reproduction familiale est essentiel. On tentera à travers plusieurs cas d’analyser les différents impacts de la mobilité aux âges qui encadrent les périodes de la vie dite productive. Celles des enfants mais aussi de leurs aïeuls lorsque la migration des géniteurs les oblige à déléguer leurs fonctions éducatives voire leur autorité parentale aux grands parents.

  • Axe 4 – Axe transversal : la fabrique des savoirs migratoires : Mobilités, Espaces Productifs et Générations
    Sont-ils situés ou volatiles, transmis ou gardés, quels degrés de formalité possèdent-ils, sont-ils de l’ordre des affects, individualisés ou collectivement agencés ? Chacun des mondes migratoires observés engagent des expériences sociales qui tentent de se mettre en forme et qui affectent, reconfigurent les rapports sociaux établis (de production, de sexe, d’espace et de génération). C’est en ce sens qu’il existe des savoirs circulatoires, des savoirs productifs, et des savoirs générationnels, que l’on suppose liés à la migration et qui participent à la fabrique d’une socialité dont on ne présupposera pas le degré de « liquidité » ou de fluidité. La texture d’un éventuel ordre social migratoire est ici le produit d’une recherche qui entrelace dimensions temporelles et spatiales, sexuées et générationnelles dans une conception renouvelé et situé du phénomène migratoire.


     Production scientifique :
  • Lien vers le site du CEMCA - Productions scientifiques : http://cemca.org.mx/pdf/ProductionScientifiqueFR.pdf